Par Edward Morgan

Par Jacob L. Shapiro: L’union Européenne est ce que le philosophe Leo Strauss a appelé “l’illusion héroïque.” C’est un rêve noble, un rêve pour lequel la seule chose nécessaire pour la paix en Europe est de partager la prospérité. Et pour un temps, l’UE a vécu le rêve. Les difficultés de la crise financière de 2008, cependant, ont montré ce qu’une base de partage fragile de la prospérité serait pour le futur de l’UE. Nombre des conflits internes que nous observons aujourd’hui en UE sont les efforts ultimes de quelques uns qui donnent à l’UE le type de pouvoirs dont elle aurait besoin pour forger une entité efficace souveraine politiquement.  C’est peu probable qu’ils réussissent.

Prenez l’altercation bureaucratique entre la Pologne et la Commission Européenne. Les deux ont été longtemps en désaccord sur les désirs actuels du gouvernement Polonais de réformer le système judiciaire d’une façon qui donne plus de pouvoir pour sélectionner et retirer les juges. Le dernier chapitre de la saga commença le 28 Août, quand le Ministère des Affaires Étrangères Polonais a divulgué une déclaration rejetant les critiques de la commission sur la Pologne comme “sans fondements” et a envoyé un document de 12 pages de raisonnement légal à Bruxelles pour faire ressortir le point. La Commission Européenne a riposté le 31 Août avec le député en chef de la commission déclarant qu’il ne laisserait pas tomber et ferait tout ce qui est en son pouvoir pour que la Pologne soit rappelée à l’ordre. Le même jour dans une interview avec Le Point, le Président Français Emmanuel Macron a déclaré que les politiques de la Pologne étaient “très inquiétantes,” disant qu’elles remettaient en question la solidarité Européenne et même la règle de la loi.

Ce genre de va-et-vient n’est pas inhabituel pour les bureaucrates comme ceux de l’UE, mais cela occulte le dilemme incontournable: le  Continent est peuplé non pas par les Européens mais par plusieurs différentes vastes nations. L’incapacité ou non volonté de comprendre était apparente dans le reste de l’interview de Macron pour Le Point. Quand interrogé sur comment il raviverait l’Europe, sa première réponse a ét, “je crois en l’Europe.” Croire en l’Europe c’est confesser que l’existence de “l’Europe ” en tant qu’entité politique n’est pas basé sur des faits ou intérêts communs mais sur l’espoir. L’espoir est une bonne chose, et il y a un temps et une place pour lui. Mais l’espoir n’est pas ce qui définit les réalités politiques.

Pas un Pays

Je n’ai pas l’intention de ridiculiser Macron pour avoir suggéré une identité collective. La communauté, après tout, est importante. Les humains les forment parce que le monde est dangereux et volatile, et, pour le meilleur ou pour le pire, ils s’identifient à elles. Après l’Ouragan Harvey, par exemple, les Américains de toutes ethnies, genres et convictions politiques ont donné de leur temps, argent, pensées, et prières à ceux dans le besoin. Ils l’ont fait parce que peu importe leurs différences, ils partagent le lien élémentaire d’être Américain.

Le problème est que la communauté dont Macron parle n’existe pas vraiment. A un moment dans l’interview, le président Français a parlé de l’Europe regagnant sa souveraineté. L’interviewer poussa un peu, notant avec surprise que le président français pro UE parlait de souveraineté  dans sa première grande interview avec la presse. Macron, toujours l’adepte, a répondu qu’il envisageait l’Europe comme un continent “aux dimensions égalant les puissances Chinoise et Américaine.” A proprement parler, Macron a raison sur le potentiel de l’Europe. L’UE a une produit intérieur brut de 16 trillion de dollars (1 trillion=1000 milliards). C’est juste un peu moins que le PIB des États-Unis ($18.6 trillion) et presque un tiers de plus que la Chine ($11.2 trillion). Pris ensemble, l’UE a plus de 500 millions de résidents, ce qui en fait la troisième région la plus peuplée du monde après la Chine et l’Inde  – si c’était un pays.

L’UE, cependant, n’est pas un pays, et elle n’est pas prête d’en devenir un. Si l’Europe était un pays, un impôt de l’Allemagne serait allouée pour payer la dette de la Grèce. Si l’Europe était un pays, ses militaires seraient déployés en Pologne pour défendre ses frontières contre la Russie. Si l’Europe était un pays, les lois seraient appliquées de manière équitable à tous : la France ne pourrait plus ignorer les règles Européennes du déficit budgétaire et ensuite pointer la Pologne comme un mouton noir parce qu’elle viole les normes démocratiques dans des reformes judiciaires. Si l’Europe était un pays, un Roumain serait prêt à mourir pour protéger un Espagnol. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il y ait des gens de bonne volonté dans tous ces pays, qui ne voient aucune offense à visiter les autres. Mais il y a une différence entre l’espoir passif pour tous ceux qui vivent en paix, et le sacrifice actif pour protéger les membres d’une même communauté.

 

Ce sens de la communauté est bien vivant en Europe. Et ça doit l’être. Dans l’ère de l’état-nation, les gouvernements sont légitimés en partie par leur capacité à représenter et protéger une nation particulière : un groupe de personnes qui parle la même langue, qui grandit au même endroit, et qui sent que si un membre du groupe est sous attaque, alors la nation est sous attaque. Même les partisans les plus vaillants de l’intégration Européenne ressentent un profond sentiment de fierté nationale dans leur propre pays. La France, l’Allemagne et les autres pays Occidentaux Européens représentent le berceau même du nationalisme, et même les partisans les plus passionnés de l’UE ne veulent pas abandonner leur identité nationale.

Et pourtant les dirigeants de ces pays se recroquevillent face à leurs nationalistes, sans doute une conséquence de la sordide histoire du Continent. Après tout, c’était il n’y a pas si longtemps qui y avait ceux qui voulaient conquérir l’Europe avec des divisions Panzer à la place des régimes de commerce néolibéraux. Mais peut-être qu’il y a plus que de la peur du passé en jeu ici. Peut-être qu’il y a aussi une nostalgie du passé. Peut-être être les pays Occidentaux Européens sont nostalgiques, mélancoliques d’un temps où les nations-états individuelles Européennes dirigeaient le monde, et au courant de la réalité que la seule manière de réaliser cela à nouveau est que toutes les ressources  géographiques, militaires et économiques soient exploitées et dirigées vers la poursuite d’un but, par opposition 51 ensembles de différents buts.

Les Mains Liées

Et ici réside la difficulté de parler de l’Europe. Le Continent est tellement varié qu’il est souvent plus pratique d’y penser de manière régionale : Europe de l’Ouest, Europe de l’Est, Europe du Nord, Europe du Sud.  (Pratique ne veut pas dire parfait. Il y a des connotations négatives associées avec “l’Europe de L’Est,” par exemple, qui est considérée être rétrograde. Vous pouvez vous retrouver démoli, et à créer des bagarres dans des bars en des endroits comme Prague et Budapest si vous dites à une personne locale que vous visitez l’Europe de l’est et pas centrale.) Mais même si ces désignations aident globalement à expliquer des dynamiques parfois inexplicables, elles ne permettent pas de comprendre à quel point l’Europe est complexe. Des pays comme la Hongrie et la Pologne, que nous catégorisons dans l’Europe de l’Est, ont été repoussé contre l’UE ces dernières années. Les partisans d’une plus grande intégration dans l’UE essayent souvent de pointer la Hongrie et la Pologne comme des exceptions plutôt que comme des précurseurs des futurs tendances. Ils ne voient pas, par exemple, que le refus de la Hongrie et la Pologne de prendre les réfugiés que l’UE voulait qu’ils prennent en 2015 n’était pas une exception mais un signe des choses à venir (pensez à comment les sentiments anti UE pour les réfugiés ont menés au Brexit). Ils disent, comme Macron l’a dit la semaine dernière, que la Pologne ne parle pas pour l’Europe de l’Est, que le gouvernement Hongrois ne dit pas les vrais désirs du peuple de Hongrie. Ils disent que les masses de l’Europe sont pro européenne, et que Bruxelles est chargé de la préservation des principes cher à l’Europe de tolérance, égalité, et liberté, et que si tout le monde suivait les règles, l’Europe dirigerait le monde encore une fois.

Et ils ont raison, la Pologne ne parle pas pour l’Europe de l’Est. La Hongrie ne parle pas pour la Roumanie. Mais la France et l’Allemagne ne parlent pas pour l’Europe de l’Est non plus – la seule fois dans l’histoire où elles l’ont fait c’était le doigt sur la gâchette.

Considérez aussi la perspective d’un pays comme la Pologne. La Pologne a à peu près les deux tiers de la population de la France. Mais en termes économiques, le PIB de la Pologne est de moins de 20 pourcent de la France. Alors que l’Europe de l’Ouest a été reconstruite après la Seconde Guerre Mondiale avec des dollars américains, l’Europe de l’Est languissait derrière le Rideau de Fer. Maintenant, l’Europe de l’Est émerge – plus confiante en elle, plus protectrice  de son indépendance, la région de l’Europe la plus dynamique économiquement. Le gouvernement à Varsovie ne s’oppose pas à l’UE en principe. Il veut être traité équitablement et réagit durement quand il voit les doubles normes de Bruxelles.

L’UE n’a pas été construite pour créer une Europe démocratique libérale. C’était juste son vêtement idéologique. L’UE a été créée pour attacher dans son dos les mains de l’Allemagne (et pour lier les mains de l’Allemagne et de la France ensemble) pour que le Continent ne se déchire pas comme il l’a fait pendant les deux Guerres Mondiales.

Des pays comme la Pologne ne sont prêts à céder leur souveraineté à une institution qui n’a aucune raison de voir de l’intérêt en eux, autre qu’une feuille de papier qui dit qu’elle devrait. Pourquoi la Pologne voudrait laisser son sort entre les mains d’un comité constitué par très peu de Polonais et qui discrédite largement la Pologne dans son processus de décision ? A tort ou à raison, la Pologne parle pour la Pologne, et les votants polonais considèrent le gouvernement polonais responsable  pour la façon dont il parle pour eux.

La noblesse du rêve de l’UE n’a pas à mourir avec l’UE. La paix n’est jamais un état éternel des affaires, mais peut-être qu’elle durera plus longtemps si les pays se traitent les uns les autres pour ce qu’ils sont et pas pour ce qu’on aimerait qu’ils soient. Peut-être pas. La seule chose qui est certaine est que le futur de l’Europe sera déterminé comme il l’a toujours été : par des décisions faites à Londres, Paris, Berlin, Varsovie, Budapest, Belgrade, Rome et les autres capitales nationales. L’UE peut questionner autant de déclarations qu’il veut, et aucune doute qu’il menacera de jeter tous les articles du Traité de Maastricht que ses institutions bureaucratiques n’approuvent pas. La Pologne est la cible maintenant. Parce qu’elle change l’équilibre du pouvoir, que Bruxelles l’approuve ou non, et aucune forme d’indignation justifiée ou non sur les reformes judiciaires polonaises ne peut arrêter le train maintenant.

Source: http://truepublica.org.uk/eu/europe-the-heroic-delusion/

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