Andrew Joyce, Ph.D.

Everard Mercurian (1514-1580)

« Etant enfants de ce monde, pompeux, rusé, faux, égoïste, etc., il est certain qu’ils s’adaptent très mal à la vie religieuse et qu’il est impossible de maintenir l’union avec eux. Si ceux de ce sang sont devenus supérieurs, ils emploient presque tout leur gouvernement aux choses extérieures : ils encouragent peu la mortification authentique et les vertus solides, et semblent être des marchands, cherchant les premières places et étant appelés rabbins ; ils ne sont guère désireux de rechercher la perfection qui est décrite dans les parties 5 et 6 des Constitutions ; et d’admettre facilement d’autres du même sang qui ne le méritent pas. »

Manuel Rodrigues, curie jésuite à Rome.

La lutte raciale pour l’Ordre des Jésuites

Les plaintes des membres natifs espagnols de la Compagnie de Jésus, concernant l’élite crypto-juive jésuite, sont remarquablement uniformes. Ce qui prédominait dans leurs préoccupations était la tendance juive au monopole, népotisme, arrogance, ambition agressive, ainsi qu’un air d’insincérité dans la pratique du christianisme. Le fait que l’Ordre des Jésuites espagnols devenait une enclave exclusive de juifs influents qui s’étendait jusque dans le cœur de Rome était particulièrement préoccupant.

L’épigraphe ci-dessus, de Manuel Rodrigues, met en évidence tous ces thèmes, dont certains ont été démontrés empiriquement. Par exemple, l’ensemble des recherches compilées par Maryks et d’autres chercheurs, et dont il a été question dans la partie 1, fournit des preuves plus que suffisantes à l’appui de l’accusation selon laquelle les crypto-juifs « admettaient facilement d’autres personnes du même sang ». De plus, Benedetto Palmio, assistant italien de deux natifs européens Supérieurs Généraux Jésuites (Francisco de Borja et Everard Mercurian), se plaignit de la « multitude et de l’insolence des néophytes espagnols », qu’il décrivit comme une « pestilence » (133). Soulignant que « là où un nouveau chrétien était trouvé, il était impossible de vivre en paix », il ajouta que « ceux qui gouvernaient à Rome étaient presque tous des néophytes. …. Ce genre de personnes et presque aucune autre n’étaient admises en Espagne (133). » Vers les années 1570, le roi Philippe II d’Espagne avait pris l’habitude de décrire les Jésuites comme une « Synagogue d’Hébreux ». (133)

La méthode de leadership employée par cette élite crypto-juive a été décrite par Palmio comme despotique. L’élite crypto-juive de Rome ne se comportait « pas comme des pères mais comme des maîtres (135) ». Reflétant les réseaux ethniques juifs séculaires, il y avait des disparités ethniques flagrantes dans les promotions aux hautes fonctions, Palmio soulignant que « les néophytes veulent dominer partout et c’est pourquoi la Compagnie est agitée par la tempête de discordes et d’acrimonies (138). Les Conversos étaient « trop ambitieux, insolents, à tête de Janus, prétentieux, despotiques, astucieux, terribles, avides de pouvoir et tristement célèbres ». (142) Lorenzo Maggio, une curie jésuite italienne de Rome, se plaignait que « les circoncis subvertissaient toute la maison de la Compagnie ». (117)

Indépendamment des origines actuelles de l’Ordre des Jésuites, qui étaient hautement juives et mêlées à la recherche de l’influence politique dès le début, de nombreux membres autochtones d’Europe semblaient percevoir la Compagnie de Jésus comme un mouvement religieux essentiellement bon, fondé sur des conditions idéales et pieuses, mais qui avait été corrompu le long de son chemin par l’infiltration de crypto-juifs à la recherche du pouvoir. Il est bien sûr essentiel de noter que ces perceptions n’étaient pas propres à la Compagnie de Jésus. A peu près au même moment où l’agitation se développait au sein de l’Ordre des Jésuites, l’évêque Diego de Simancas de Zamora exhorta ses paroissiens à combattre les machinations des conversos et leurs activités pour « tromper le pape et ses ministres » (31). Simancas, comme Rodrigues, Palmio, et Hoffaeus, conclut que les conversos étaient enclins à « l’ambition, la conspiration et la cupidité pour le pouvoir », comme en témoigne le fait qu’ils avaient « infiltré les bureaux d’importance dans l’Église de Tolède. (34–5)

Afin de combattre le népotisme crypto-juif et le réseautage ethnique étendu, les jésuites européens natifs développèrent des contre-stratégies très intéressantes qui, à bien des égards, reflétaient celles de leurs homologues juifs. Encore une fois, les tendances observées ici devraient être considérées comme un appui général à l’analyse de Kevin MacDonald sur la nature réactive de l’antisémitisme dans Separation and Its Discontents (séparation et ses mécontentements), où l’un des chapitres clés concerne le national-socialisme comme stratégie d’image en miroir. Ce que les jésuites non juifs ont fait essentiellement dans les premières étapes de la révolte d’en bas, est, comme leurs opposants crypto-juifs, d’établir leurs propres réseaux secrets basés sur l’exclusion raciale et la sélection de leurs propres candidats préférés basés sur la préférence ethnique.

La scène de cet affrontement a été retracée après la mort du troisième Supérieur général, Francisco de Borja, en 1572. Jusqu’à cette date, les jésuites non-juifs avaient enduré la direction philo-sémite de Loyola et le népotisme ethnique endémique du converso Diego Laínez. Borja fut lui-même décrit comme un « protecteur des conversos » pendant les périodes de tension montante (115). Après la mort de Borja, il était évident que l’élite jésuite crypto-juive s’était déjà arrangée pour choisir le converso Juan Alphonse de Polanco comme successeur. (xxv) Polanco avait déjà été nommé secrétaire de la Société par Loyola en 1547, avant de devenir administrateur principal à la curie générale de Rome. Incroyablement influent, et étant « le personnage le plus renommé de la Compagnie de Jésus », sa sélection aurait dû être « ouverte et fermée ». Cependant, comme Maryks en parle, à cette date, »un parti anti-converso très uni [composé principalement de représentants jésuites de l’extérieur de l’Espagne] gagna du terrain au sein de la société ». (xxxv)

En dépit de la présence significative pro-converso à la Congrégation Générale 3 [les Congrégations Générales sont « l’organe législatif suprême de la Compagnie de Jésus composé des supérieurs majeurs (« provinciaux ») et des élus locaux »], le lobby italo-portugais très uni gagna du terrain dans l’assemblée et fut assez rusé pour conspirer avec succès contre l’élection de Polanco et ses partisans pro-converso. (120)

En plus de former un groupe très uni basé sur l’ethnicité, la contre-stratégie copiait les tactiques juives en faisant appel au soutien des élites. La délégation portugaise, conduite par Leão Henriques, « porta secrètement à Rome une lettre que le pénitent de Henriques, le cardinal Henri, enfant du Portugal (1512-1580), avait adressée au pape Grégoire XIII le 22 janvier 1573. Dans cette lettre, le Grand Inquisiteur du Portugal et futur roi (1578-80) exigeait que ni un converso, ni un candidat pro-converso ne soit élu supérieur général de la Compagnie de Jésus, et il avertissait que si aucune mesure n’était prise contre le mal converso, la Compagnie risquerait la destruction. » (121)

Le Pape Grégoire XIII révéla bientôt son soutien pour une alternative non espagnole à Polanco, qui, à son tour, indiqua qu’il se retirerait mais refusa d’interdire aux autres candidats « espagnols » d’être élus supérieurs généraux. Après l’ouverture de la congrégation, Grégoire XIII s’enquierit des procédures de la congrégation, du nombre d’Espagnols parmi les électeurs et des antécédents nationaux des anciens supérieurs généraux. Grégoire « fit remarquer que quelqu’un devait être choisi dans une autre nation que l’Espagne, et, malgré les protestations de Polanco contre la limitation de la liberté de conscience des électeurs, le pape proposa spécifiquement le nom du Wallon Everard Mercurian, puis renvoya la délégation avec sa bénédiction (122) ». Par conséquent, alors que le converso Antonio Possevino « s’adressait à la congrégation avec un discours d’ouverture, le Cardinal Gallio de Côme arriva et informa la congrégation qu’il représentait la volonté du pape d’empêcher l’élection de tout candidat espagnol ». (122) Le lendemain, l’assemblée choisit Everard Mercurian comme supérieur général au premier tour de scrutin, à la majorité de 27 voix.

Dès les premières années de son mandat, Mercurian procéda, selon ses propres mots, à « nettoyer la maison ». Il « renvoya de Rome (et peut-être d’Italie ou même d’Europe) de nombreux jésuites converso. » (123) Polanco, après presque trois décennies au pouvoir, « fut déplacé de Rome et envoyé en Sicile, une mesure qui semblait trop dure même pour son principal ennemi, Benedetto Palmio. » (123)

Cependant, à la suite du retrait de l’influence des crypto-juifs à tous les échelons supérieurs de la Compagnie de Jésus, un nouveau mouvement émergea au sein des jésuites espagnols, appelé memorialistas ou mémorialistes. Le groupe tire son nom de « mémorial », un genre littéraire qui consiste en un exposé écrit des faits présenté conjointement avec une pétition à une autorité royale ou religieuse. Les memorialistas obtinrent leur nom en envoyant « des mémoriaux secrets à la Cour et à l’Inquisition espagnole, et au Saint-Siège, demandant la réforme de l’Institut des Jésuites, et surtout, l’autonomie des provinces jésuites espagnoles. » (125-6) Ces mémoriaux furent très diviseurs et destructeurs, cherchant essentiellement à fracturer la Compagnie et à permettre aux conversos de récupérer leur base de pouvoir en Espagne.

Ce mouvement n’était guère plus qu’une tentative de limitation des dégâts par l’élite crypto-juive. Opprimés à Rome et soupçonnés par les Portugais, l’objectif était de consolider leur pouvoir en Espagne et d’empêcher que de nouvelles mesures anti-converso n’empiètent sur leurs positions de pouvoir détenues de longue date. Comme Maryks le fait remarquer, »il faut admettre que beaucoup de ses membres, sinon la majorité, étaient issus d’un milieu converso ». (125) Le mouvement mémorialiste a certainement été largement perçu par les contemporains comme un mouvement de vengeance juive, et Maryks est clairement d’accord avec cette perception. L’un de leurs principaux dirigeants a été le converso Dionisio Vázquez, et Maryks remarque que « l’on pourrait soutenir que le rôle actif de Vázquez dans le mouvement des mémorialistes était une sorte de vengeance pour la politique discriminatoire de Mercurian. (126).” L’anti-converso Benedetto Palmio « n’a jamais douté que les conversos étaient derrière le mouvement vindicatif des mémorialistes. » (128)

Comme la lutte commenca à s’intensifier, en 1581 un autre anti-converso italien, Claudio Acquaviva, fut élu en tant que successeur de Mercurian. Acquaviva nomma un certain nombre d’éminents jésuites anti-converso (dont Manuel Rodrigues, Lorenzo Maggio et le Rhénan Paul Hoffaeus) à des postes clés à Rome, chargés d’étendre les mesures anti-converso employées par Mercurian au-delà de la structure du pouvoir romain et dans le plus large réseau jésuite. Maryks écrit que les décennies d’activités de Hoffaeus, Maggio et Rodrigues, « ont effectivement conduit à des restrictions progressives dans l’admission dans la Compagnie des candidats d’ascendance juive ». (146)

Il est particulièrement intéressant de noter qu’une grande partie de cette activité s’est déroulée de manière mystérieuse et secrète dans laquelle l’aspect ethnique de la lutte a toujours été tenu à l’écart – reflétant ainsi la nature des stratégies converso pour gagner et étendre l’influence. Par exemple, en 1590, Acquaviva envoya des « instructions secrètes » aux provinces espagnoles dirigées par des Espagnols d’origine, ou « Vieux Chrétiens », jésuites, dans lesquelles il expliqua clairement la nécessité du secret :

En ce qui concerne les bureaux du gouvernement, nous devrions faire attention de ne pas les donner à ces personnes [conversos] pour certains endroits clés… En ce qui concerne l’admission de ce peuple et afin de ne pas donner d’amertume à beaucoup dans la Compagnie, nous avons jugé inapproprié d’interdire universellement l’admission de ceux qui ont en quelque sorte ce défaut. Il faut faire preuve de plus de sélectivité et de diligence dans l’admission… En tout cas, [les recherches généalogiques] devraient se faire discrètement et lorsque quelqu’un doit être exclu, il serait commode de donner d’autres raisons et motifs apparents de son congédiement, de sorte qu’on ne puisse pas comprendre ou affirmer avec certitude qu’une personne est exclue de l’admission en raison de sa lignée (147).

Devant les réponses amères de l’Ordre des Jésuites d’Espagne, quelques années plus tard la position d’Acquaviva se durcit encore davantage, ce qui l’amena à publier un décret déclarant que

ceux qui sont les descendants de parents Chrétiens récents, ont infligé à répétition des torts à la Compagnie (comme le montre notre expérience quotidienne)… Toute la congrégation a alors décidé de décréter, comme l’affirme le présent décret, qu’en aucun cas une personne de ce genre, c’est-à-dire une personne de souche hébraïque ou sarrasine, ne pourra être admise dans la Société à l’avenir. Et si par erreur une telle personne est admise, elle doit être révoquée dès que le défaut est révélé, à quelque moment que ce soit avant l’exercice de la profession, après en avoir d’abord avisé le supérieur général et en attendant sa réponse. (149)

Maryks déclare qu’à ce moment-là « la saison de chasse aux lignages commenca » et que le départ de toutes les personnes d’ascendance juive de la Compagnie de Jésus a commença sérieusement.

Apologétique juive moderne des débuts

Défait et marginalisé, l’élite crypto-juive s’est tournée vers la publication d’une longue série de mémoriaux, qui, à bien des égards, ressemblent à des prototypes d’apologétique et de propagande juives modernes du genre de ceux publiés par l’ADL. Par exemple, dans un essai précédent, j’ai noté l’importance de la tactique moderne consistant à déplacer rhétoriquement l' »éxtranéité » des Juifs vers le mouvement hostile lui-même :

Les Juifs ont régulièrement eu recours à une tactique de repli pour présenter le mouvement troublant comme une importation étrangère… Un excellent exemple de ceci, bien sûr, serait l’affirmation ridicule de Hillary Clinton selon laquelle l’Alt Right aurait été engendré par la Russie de Poutine. Étant donné que la majeure partie de son discours provient de la SPLC, nous pouvons supposer que cette accusation particulière peut être attribuée à une main hébraïque. Une autre théorie bizarre sur les origines étrangères de l’Alt Right provenant de la SPLC : Mark Potok a pesé dans la balance avec l’étrange assertion que l’Alt Right « a commencé comme un mouvement anti-musulman en Europe et s’est répandu dans cette région depuis 2008 environ ».

Et la liste continue. Le journaliste juif britannique Jonathan Freedland, qui a une longue histoire d’activisme contre les Blancs, a écrit un article intitulé « Le talon d’achille de Donald Trump est qu’il est vraiment anti-américain ». Freedland soutient que le principe fondateur de l’Amérique est « la croyance que l’identité nationale ne réside pas dans le sang ou le sol, mais dans la loyauté envers la constitution de la nation et sa déclaration des droits » – une indication claire qu’il connaît peu l’histoire américaine. Il ajoute que « ces mouvements de Trump ne sont pas seulement réactionnaires, bigotés ou dangereux. Ils vont à l’encontre des idéaux que tous les Américains sont censés considérer comme sacrés. Peut-être que c’est la façon d’attaquer Trump : comme vraiment anti-américain. Il dit qu’il veut rendre l’Amérique géniale à nouveau. La vérité, c’est qu’il empêcherait l’Amérique d’être l’Amérique. »

Parmi les autres participants juifs à l’effort visant à dépeindre Trump comme étant non américain, on peut citer, entre autres, le comité de rédaction du Washington Post dirigé par le Juif Martin Baron, le journaliste juif Franklin Foer et l’animateur d’un talk-show juif Jerry Springer. L’homme d’affaires juif Josh Tetrick a également acheté un certain nombre d’espaces publicitaires coûteux de pleine page dans le New York Times visant à encourager le meme ‘Trump est anti-Américain’… Dans tous les cas, le Trumpisme et l’Alt Right sont dépeints par les Juifs comme une incursion étrangère dans la vie politique américaine. Comme avec d’autres tactiques, celles-ci ont une long héritage. Kevin MacDonald écrit que « les organisations juives en Allemagne dans la période 1870-1914 ont fait valoir que l’antisémitisme était une menace pour toute l’Allemagne parce qu’il était fondamentalement » non allemand « .[1] Dans l’Allemagne du dix-neuvième siècle, l’antisémitisme était souvent décrit par les Juifs comme une importation française. Inversement, Paula Hyman écrit que, face à la montée du sentiment anti-juif en France au XIXe siècle, les Juifs répandirent le message selon lequel l’antisémitisme était « non français » et une « importation allemande ».[2]  Thorsten Wagner rapporte que c’était un refrain commun parmi les Juifs du Danemark que l’antisémitisme était  » une importation allemande – sans racines ni traditions autochtones « .[3]

Il y a d’innombrables autres exemples provenant de nombreux autres pays. La tactique consiste donc à convaincre la population que les Juifs ne sont pas la menace étrangère, mais plutôt que c’est le mouvement populaire croissant qui est l’entité étrangère menaçant la nation. Bien qu’il s’agisse d’une revendication absurdement perverse, et difficile à imaginer comme une réussite, les Juifs sont capables de répandre le message en raison de leur supériorité médiatique et politique (comme le montrent les efforts de Tetrick). Ce pouvoir a permis de s’assurer que les représentations des mouvements nationalistes comme « étrangers » ont été tactiquement efficaces dans le passé.

Les réponses des jésuites crypto-juifs à la contre-stratégie européenne sont étonnamment similaires à ces exemples modernes en ce sens qu’ils se sont également fortement appuyés sur des tentatives de déplacer le sentiment de menace étrangère loin d’eux-mêmes et sur le mouvement hostile, pour leurs intérêts. Par exemple, les réponses écrites les plus féroces et les plus prolifiques à l’éviction des conversos ont été rédigées par le diplomate italien Antonio Possevino, qui avait été démis de ses fonctions par Mercurian et envoyé en Suède. Isolé et impuissant dans le nord froid, Possevino déclara que c’était des personnages comme Benedetto Palmio qui étaient vraiment ‘non-chrétiens’ et en fait un peu plus que des ‘païens’ (164-5). Fait remarquable, Possevino attribue avec beaucoup de chutzpah toute la perturbation de la Compagnie de Jésus à « l’ambition débordante des jésuites portugais » (171-2). Possevino mentait ouvertement dans sa propagande sur la nature des mémorialistes, suggérant que le mouvement faisait partie d’une « conspiration portugaise » visant à saper l’unité jésuite (171-2). Maryks commente sans détour le texte de Possevino que la majorité des mémorialistes étaient en fait des « conversos indéniables ». (172) Enfin, l’apologétique de Possevino contient aussi un autre aspect qui préfigure la propagande moderne : l’idée que les Juifs sont une élite naturelle et morale, généralement associée au mépris des masses rurales. Possevino blâme « les hommes envieux et sans talent des milieux ruraux pauvres » (168) pour l’agitation contre les conversos, tout en affirmant que « en termes de vertu et de dévouement, [les conversos] représentent une élite au sein de la Société. (172)

Conclusion

L’Ordre des Jésuites en tant que synagogue des juifs est une contribution importante à l’étude de la religion et des conflits ethniques dans les premiers temps de l’Espagne moderne. Bien qu’il ne s’adresse pas aux débutants sur aucun des thèmes abordés, le livre est concis, et ses quatre chapitres sont remplis de nouvelles informations qui sauront certainement fasciner le lecteur avec une connaissance préalable des jésuites, de l’histoire espagnole ou de la question juive en Europe.

Mes seules vraies critiques portent sur des questions de style et de structure. Le style d’écriture de Maryks est souvent mécanique, et on a parfois l’impression que, si le matériau se prête à un récit dramatique, ce potentiel se perd au milieu d’observations fades et d’un recours répétitif à déplorer le « parti pris » et la « discrimination » des « Vieux Chrétiens ». Certes, il s’agit d’un livre dans lequel les faits, plutôt que l’analyse de l’auteur, ouvrent la voie. En ce qui concerne la structure, le texte a une fâcheuse habitude de répétition, notamment en ce qui concerne la réintroduction persistante de personnages que nous connaissons déjà. J’ai trouvé cela particulièrement décevant en raison d’une qualité de montage normalement élevée de Brill.

Ces irritations mineures mises à part, l’Ordre des Jésuites en tant que synagogue des Juifs était un tourneur de pages. Peut-être le meilleur de tous, et il est maintenant disponible en téléchargement gratuit dans le cadre de l’initiative open source de Brill. Profitez-en.


[1] K. MacDonald, Separation and Its Discontents: Toward and Evolutionary Theory of Anti-Semitism (1st Books, 2004), 232.

[2] A. Lindemann & R. Levy (eds.), Antisemitism: A History (Oxford University Press, 2010), 136.

[3] T. Wagner,’Belated Heroism: The Danish Lutheran Church and the Jews, 1918-1945,’ in K. Spicer (ed), Antisemitism, Christian Ambivalence, and the Holocaust (Indiana University Press, 2007), 7.

Traduction : Michelle Cavenel

Source: https://www.theoccidentalobserver.net/2017/12/27/review-the-jesuit-order-as-a-synagogue-of-jews-part-two/

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