Il y a plus de 700 curieux réseaux de tunnels en Bavière, mais leur but reste un mystère. Ont-ils été construits comme tombes pour les âmes des morts, comme espaces rituels ou comme cachettes pour des bandits maraudeurs ? Les archéologues explorent maintenant les caveaux souterrains pour percer leurs secrets.

Beate Greithanner, une productrice laitière, se promène pieds nus dans les prairies luxuriantes du Doblberg, une montagne bavaroise sur fond de sommets alpins enneigés. Elle s’arrête et pointe du doigt un trou dans le sol. « C’est ici que la vache paissait », dit-elle. « Soudain, elle est tombée, jusqu’aux hanches. »

Un cratère s’était ouvert sous la malheureuse vache. Le lendemain de l’accident bovin, le mari de Greithanner, Rudi, examina le trou. Il était curieux, alors il enfonça sa tête à l’intérieur et leva son cou pour regarder dans l’obscurité. Se pourrait-il que ce soit une cachette pour un trésor, se demandait-il ? En descendant dans le trou pour enquêter, le trou s’est avéré être un étroit tunnel humide qui menait en diagonale dans la terre, comme les intestins d’un dinosaure géant.

Soudainement, le fermier ne pouvait plus rien entendre qui venait d’en haut. Il a paniqué quand il s’est rendu compte qu’il devenait difficile de respirer l’air étouffant – et a rapidement mis fin à sa brève exploration.

erdstalle tunnels
Localisation des tunnels Erdstall en Europe Centrale du sud

Les Greithanner, habitant la ville de Glonn près de Munich, sont propriétaires d’un étrange repère souterrain. Un labyrinthe de tunnels, connu sous le nom de « Erdstall », se trouve sous leur propriété. Il mesure au moins 25 mètres (82 pieds) de long et date probablement du Moyen Âge. Certains croient qu’il a été construit comme demeure pour loger des lutins serviables.

Les géologues et arpenteurs-géomètres qui sont venus sur la propriété des Greithanner à la fin de juin étaient déterminés à aller jusqu’au fond du mystère. Trois membres d’un groupe appelé « Groupe de travail pour la Recherche d’Erdstall », portant des combinaisons de protection rouges et des casques, traînèrent la lourde plaque de béton loin de l’entrée et disparurent dans les profondeurs.

Leur chef, Dieter Ahlborn, commença par ramper dans un passage d’environ 70 centimètres de haut. Son collègue Andreas Mittermüller dû retourner à la surface lorsque le manque d’oxygène dans le tunnel lui causa des maux de tête. Ahlborn continua à ramper jusqu’à ce que sa lampe révèle un morceau de bois en décomposition.

Il la ramassa comme si c’était une pierre précieuse, sachant qu’elle pouvait offrir un indice important sur l’âge de la grotte artificielle.

Pendant ce temps, dans la prairie du dessus, un groupe de l’Office d’État pour la Conservation Historique de Munich avait marqué le site avec du ruban de couleur. Puis, il roula un chariot à trois roues équipé d’un radar à pénétration du sol à travers l’herbe. « La galerie s’est effondrée à l’arrière », expliqua un membre du groupe. « Nous sommes en train de déterminer sa taille réelle. »

L’exploration du site fut une activité pionnière, car c’était la première fois qu’une agence archéologique allemande s’intéressait à un phénomène très inhabituel. Des petits labyrinthes souterrains similaires ont été découverts dans toute l’Europe, de la Hongrie à l’Espagne, mais personne ne sait pourquoi ils ont été construits.

Au moins 700 de ces chambres ont été trouvées en Bavière et environ 500 en Autriche. Dans la langue vernaculaire locale, elles ont des noms fantaisistes comme « Schrazelloch » (« trou de gobelin ») ou « Alraunenhöhle » (« grotte de mandragore »). Elles ont supposément été construites par des elfes, et la légende raconte que des gnomes vivaient à l’intérieur. Selon certaines épopées, elles faisaient partie de longs tunnels d’évasion des châteaux.

SubterraneanSecrets

En réalité, les tunnels ne font souvent que 20 à 50 mètres de long. Les passages plus grands sont assez grands pour que les gens puissent les traverser en position courbée, mais certains tunnels sont si petits que les explorateurs doivent se mettre à quatre pattes. Les plus petits passages, appelés « Schlupfe » (« glissement »), mesurent à peine 40 centimètres de diamètre.

Le sol au sud de l’état de Bavière allemande est littéralement perforé de ces labyrinthes souterrains – et personne ne sait pourquoi.

De nombreuses galeries sont reliées aux sites des anciennes colonies. Les entrées de tunnels sont parfois situées dans les cuisines d’anciennes fermes, près des églises et des cimetières ou au milieu d’une forêt. L’atmosphère à l’intérieur est sombre et oppressante, tout comme à l’intérieur d’un terrier d’animal.

« Complètement Cachés »

Pour ceux curieux de voir à quoi ressemble l’intérieur de ces tunnels, l’aubergiste Vinzenz Wösner vous propose des visites guidées, ou « rampages guidés », à Münzkirchen, une ville du nord de l’Autriche.

La visite commence dans la buvette et se poursuit par la descente d’un escalier en pierre dans la cave à cidre, où il y a une trappe qui s’ouvre vers un trou béant. « Nous ne laissons pas les personnes souffrant de problèmes cardiaques faire le tour », dit Wösner dans son accent autrichien. En cas d’urgence, il garde un large harnais à portée de main, de sorte que si quelqu’un s’évanouit, il peut le sortir du tunnel étroit.

Les caveaux n’auraient pas pu servir à des fins utiles, telles que des habitations ou des entrepôts pour nourriture, par exemple, ne serait-ce que parce que les tunnels sont si inopportunément étroits à certains endroits. En plus, certains se remplissent d’eau en hiver. Également, l’absence de preuves de la présence d’excréments indique qu’ils n’ont pas été utilisés pour l’hébergement du bétail.

Il n’ y a pas une seule trace écrite de la construction d’une Erdstall datant de la période médiévale. « Les tunnels étaient complètement cachés », dit Ahlborn.

Les archéologues ont également été surpris de constater que les tunnels sont presque complètement vides et semblent avoir été balayés, comme s’ils étaient des demeures pour les esprits. Une galerie contenait un soc en fer, tandis que trois autres contenaient des meules lourdes. Presque rien d’autre n’ a été trouvé dans les caveaux.

Jusqu’à récemment, les grottes secrètes n’étaient explorées que par des archéologues amateurs. Le pionnier de l’exploration d’Erdstall, Lambert Karner (1841 à 1909), était prêtre. Selon ses archives, il a parcouru 400 caveaux, éclairé seulement à la chandelle, avec des « passages sinueux étranges » à travers lesquels « on ne peut souvent que se forcer comme un ver ».

Les tunnels devinrent plus tard le royaume des historiens locaux armés d’une imagination débordante. Ils ont supposé que les grottes étaient utilisées comme « quartiers d’hiver par les tribus Teutoniques » ou comme donjons pour les handicapés. Certaines des âmes les plus ésotériques d’aujourd’hui les interprètent comme des « espaces de non-être ».

Maintenant Ahlborn veut appliquer les outils plus précis de la science aux caveaux. Sous sa direction, le groupe de travail Erdstall est devenu un groupe d’experts sérieux et efficace. Il comprend des chercheurs en grotte, des professeurs de géographie et des ingénieurs comme Nikolaus Arndt, qui a construit des métros en Inde et des pipelines pour eau souterraine fossile à travers les déserts libyens pour Kadhafi.

Lors de leur rencontre annuelle, les explorateurs amateurs allient le shoptalk à des expéditions souterraines audacieuses. Pour éviter l’étouffement, dit un membre du groupe, ils ont récemment soufflé de l’air dans un tunnel avec un « aspirateur réversible ».

Une exposition dans la ville bavaroise de Passau rend désormais le sujet de ces galeries mystérieuses plus accessible à un public plus large. L’une des expositions interactives est un tunnel en contreplaqué. Les affiches parlent des tunnels comme du « dernier grand mystère de l’Europe centrale ».

Le spectacle suscite une attention urgente et nécessaire. Les équipes routières et de construction tombent souvent sur des galeries souterraines et, ne sachant pas ce qu’elles sont, les remplissent rapidement de terre.

Le propriétaire du plus grand complexe en Allemagne, long de 125 mètres, a construit une piscine au-dessus. Arndt appelle ça « une honte ». Cependant, environ 90 pour cent des catacombes sont encore considérées comme intactes et non découvertes.

L’histoire de Josef Wasmeier de Beutelsbach en Basse-Bavière montre combien il est difficile de les retrouver. Il était une fois un château non loin de sa ferme. Il a été détruit au XVIIIe siècle, et aujourd’hui il y a un bosquet d’acacias sur le site.

« D’après la légende, il y avait des tunnels d’évacuation qui sortaient de la colline du château », raconte Wasmeier. Lui et quelques amis ont décidé de chercher les tunnels. Ils creusèrent et forèrent jour après jour. « Finalement, le seul qui creusait encore était Rudi Eichschmied – tous les soirs, parfois au clair de lune », dit Wasmeier.

L’homme est finalement tombé sur une cavité souterraine.

Elle menait à une galerie unique avec des murs de sable. Initialement, le tunnel descendait verticalement sur 4 mètres, puis il continuait en zigzag. A la fin du labyrinthe, il y avait une étroite section « Schlupf ». Il rappelle aux chercheurs un vagin.

Wasmeier a une fois emmené un groupe de guérisseuses dans sa grotte. Les femmes ont glissé tête baissée dans le tunnel, dans l’obscurité totale, comme si elles passaient par un canal de naissance. Le fermier ressent parfois un sentiment de révérence lorsqu’il entre dans son tunnel. « On se sent comme un Indien Hopi à l’intérieur », dit-il. « Eux aussi s’asseyaient dans les grottes dans l’espoir de trouver des réponses. »

Traduction : PFC Francophone

Source: http://www.spiegel.de/international/zeitgeist/hideouts-or-sacred-spaces-experts-baffled-by-mysterious-underground-chambers-a-775348.html

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